Las torcas 1 et 2 del Canal de Lao

(n°2580 et 2550)

Développement : 610 m
Dénivellation : -92 m


Le plateau sommital du Picón del Fraile constitue une unité karstique bien identifiée et indépendante des drains plus profonds en lien avec la Gándara. Las torcas del canal de Lao drainent un ruisseau qui s'écoule une centaine de mètres sous la surface du plateau et sur le même écran gréseux que la torca de Hondojon (n°1415) et les cavités les plus hautes du versant ouest (Bustalveinte) : cuevas del Jabato (n°505), del Tercero Ojo (n°675-676), de las Abejas (n°501)....

pano

Le canal de Lao qui plonge vers l'Hondojon (vallée glaciaire).

Situation et accès

Ces deux cavités s'ouvrent sur la bordure est du lapiaz supérieur du Picon del Fraile, la première, au sommet d’un petit couloir herbeux et la seconde sur une vire bordant la belle dépression finale du canal de Lao..

Torca n° 1 (n° 2580)
X = 448,335 ; Y = 4781,298 ; Z = 1365 m
Torca n° 2 (n° 2550)
X = 448,367 ; Y = 4781,304 ; Z = 1352 m

Commune : Soba

entrée

L'entrée étroite de la torca del Canal de Lao n°1

Description de la torca n°1 (n°2580)

L’entrée (0,5 x 4 m) prend la forme d’un méandre très étroit qui plonge rapidement dans un puits de 12 m beaucoup plus spacieux. Un niveau de galeries basses lui fait suite. A droite, la première remonte jusqu’à une petite trémie et apporte un peu d’air. La seconde, dans l’axe de l’entrée, a été agrandie et mène, quelques mètres plus loin, à un carrefour. Sur la droite, un deuxième conduit affluent est également parcouru par un net courant d’air. Il se termine par une étroiture à quelques mètres de là et après avoir enjambé un petit puits (4 m).

laminoir

Laminoir désobstrué au bas du 1° puits

La suite est à gauche dans un laminoir en partie désobstrué conduisant au sommet d’un beau puits de 20 m. La base de celui-ci correspond à un écran gréseux dont l’épaisseur n’excède pas 1 ou 2 mètres ce qui est toutefois suffisant pour qu’un petit niveau de galeries se soit développé. A noter que cet écran correspond à celui rencontré au fond de la torca del Canal de Lao toute proche (n°2550). En amont, le conduit a été remonté sur une quinzaine de mètres jusqu’à un soupirail à agrandir précédant ce qui semble être une base de puits (étroiture très ponctuelle, courant d’air soufflant).

P20-2   P20-1

Le P.20. La base correspond à un niveau gréseux bien visible sur la photo de droite.

L’aval se perd dans des fissures impénétrables qui rejoignent un vaste puits auquel on accède par une belle lucarne s’ouvrant peu avant et 2 m au-dessus du fond du méandre. Ce puits mesure tout juste 30 m, hauteur qui correspond à l’épaisseur de la strate calcaire. En effet, au bas, on retrouve un nouvel écran gréseux à peine plus épais que le précédent et que l’on suit sur une vingtaine de mètres avant d’atteindre la dernière verticale de 22 m. Cette courte galerie est bordée de plusieurs puits remontant qui contribuent à alimenter le petit actif se déversant dans le P.22. Celui-ci arrive au beau milieu d’une galerie confortable (-86 m) occupée par un ruisseau que l’on peut suivre en amont comme en aval.

P.22   gal

A gauche, la courte galerie entre le P.30 et le P.22. A droite le niveau gréseux plus épais sur lequel s'écoule le ruisseau de la galerie Simone.

L’aval :

Un très net courant d’air s’y engouffre. Malheureusement, la voûte s’abaisse rapidement et au bout de 35 m, la progression bloque sur une trémie impénétrable (-92 m). Celle-ci correspond vraisemblablement à la grosse dépression voisine, bouchée par des éboulis au travers desquels filtre un très net courant d’air froid.

L’amont :

La galerie Simone

Le conduit, assez vaste au début (4 x 5 m) est rapidement barré par un effondrement que l’on contourne par le haut en se glissant au-dessus de grandes dalles affaissées. Un passage sous cette trémie est également possible, il rejoint le ruisseau une vingtaine de mètres plus en amont. En poursuivant dans la partie supérieure on accède à un élargissement en rive droite duquel arrive une belle cheminée qui absorbe une partie du courant d’air. A l’extrémité de cette salle, il faut à nouveau se glisser dans un boyau pour retrouver le ruisseau qui désormais coule dans un conduit bien formé agrémenté de quelques beaux bassins. Une centaine de mètres plus loin, après avoir escaladé un petit mur de grès (R.3), la galerie se dédouble. A gauche, le conduit le plus important s’interrompt sur une trémie instable d’où souffle un bon courant d’air (-62 m).

simone1   simone2

La galerie Simone en amont des puits, creusée au contact des grés et des calcaires.

A droite, les dimensions sont plus modestes mais l’air y est tout aussi présent. Au bout d’une trentaine de mètres de progression accroupie et après avoir délaissé un petit affluent terminé par une trémie sans air, il faut se glisser dans un petit boyau qui amène tout l’air et permet de retrouver l’actif derrière la trémie de la branche principale. Ce passage étroit a été désobstrué. Juste derrière, on se redresse dans un conduit plus grand dont la voûte est formée par d’énormes blocs. Ceux-ci proviennent d’une salle supérieure que l’on atteint par une courte escalade. Cet accroissement du volume est dû à plusieurs belles arrivées de puits sondés à plus de 40 m ce qui correspond approximativement au niveau gréseux rencontré à la base du P.22. Deux méandres prolongent également cette salle, mais ils deviennent impénétrables au bout d’une vingtaine de mètres.

Une vingtaine de mètres en amont de la confluence, dans la branche principale, une escalade de 3 m donne accès à un méandre fossile qui double la galerie Simone sur près de 100 m de développement.

Description de la torca n°2

Située une vingtaine de mètres plus bas que la torca précédente, la torca n°2 n'a pas l'ampleur de sa voisine. Un court méandre parcouru par un très fort courant d'air soufflant (6°) conduit à un beau puits de 18 m entièrement bouché à -20 m. A quelques mètres du fond, un conduit remontant se heurte rapidement à des trémies probablement en lien direct avec la torca n°1. Au même niveau, sur une vire, un puits de 6 m est également totalement colmaté.

Géologie, hydrologie

La cavité se développe dans la série calcaréo-gréseuse du Fraile et plus précisément dans les niveaux supérieurs communs aux torca de l’Hondojon, cueva del Jabato etc… Du fait de la présence de la vallée glaciaire de l’Hondojon, le plateau sommital du Picon forme une unité karstique indépendante qui n’est pas en relation directe avec le réseau de la Gándara. En effet, les eaux souterraines circulant dans cette série sont bloquées en profondeur par une strate gréseuse plus importante qui les oblige à ressortir sur les flancs de l’Ojon avant de se perdre presqu’immédiatement pour rejoindre les conduits de la Gándara.

p22

Le puits de 22 m, dernier de la série.

Historique

Années 80...

L’entrée de la torca n° 1 avait été déjà repérée probablement lors des prospections du club STD de Madrid dans les années 80 (marquage très ancien mais illisible). Vu l’absence d’amarrages et de traces au bas du puits, il n’est pas certain que l’étroiture au sommet du premier puits ait été franchie.

2017

L'entrée de la torca n° 2 est découverte le 6 juillet 2017 par le S.C. Dijon (P. et S. Degouve) lors d'une recherche infructueuse de la Torca de Hondojon due à une erreur de datum sur le GPS.

Ce premier petit gouffre est rapidement exploré le 18 juillet suivant (P. et S. Degouve, G. Simonnot). Ce jour là, en poursuivant les recherches dans le secteur, le SCD redécouvre l’entrée de la torca n° 2 (n°2580). Le puits de 12 m est descendu et le premier passage bas est désobstrué jusqu’au laminoir précédant un puits estimé à une vingtaine de mètres.

Celui-ci est exploré le 29 juillet 2017 après l’élargissement des laminoirs (P. et S. Degouve). Deux puits de 20 et 30 m sont descendus. La progression s'arrête au sommet du P.22, le manque de corde ne permettant pas de l’équiper.

Le 3 août suivant, la rivière est atteinte (P. et S. Degouve). L’amont est exploré jusqu’à l’étroiture de -59 m, et l’aval est reconnu jusqu’à son terminus actuel (trémie de -92 m).

Une dernière exploration, le 11 août, permet de franchir le boyau amont (désobstruction) et d’explorer les méandres terminaux. La galerie supérieure doublant la galerie Simone est entièrement parcourue (non topographiée) puis le gouffre est déséquipé (P. et S. Degouve, J. N. Outhier).

< télécharger la coupe des torcas 1 et 2 du canal de Lao (PDF - 498 ko)
   
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< télécharger le plan des torcas 1 et 2 du canal de Lao (format A4) (PDF - 300 ko)


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